1991, pendant le chantier |
Pour le grand
public ce musée est « un triangle bleu »; c’est aussi un musée
archéologique.
Pour
l’histoire c’est le premier plan triangulaire ouvert, c'est-à-dire que les
trois angles qui constituent la façade du bâtiment manifestent la continuité
spatiale intérieur-extérieur. Pour
affirmer cette volonté on dissocie les façades, qui doivent représenter la « cité
muséale » dans son unité, des volumes intérieures qui ont la responsabilité
fonctionnelle des programmes. Dans le même objectif de clarté, on habille de
« sa robe de ville » les parois extérieures en verre émaillé d’un
bleu « ciel d’Arles ». Ces parois sont dépositaires de la logique du
bâtiment public, qui leur confère intégrité et souveraineté sur tous les
éléments constitutifs du programme. Il en découle qu'aucun élément mineur du
projet ne peut leur être imposé: toute intervention en périphérie est ainsi dépendante
de cette logique. Les éclairages
zénithaux contribuent à dissocier les besoins fonctionnels intérieurs de
lumière des exigences d’apparence architecturale où les notions d’harmonie,
proportion et élégance doivent s’exprimer.
La figure du
triangle répond à la logique tripartite du programme : Un programme scientifique,
un programme culturel et le musée proprement dit.
1993 a la fin du chantier du bâtiment |
A) Le
programme scientifique loge dans une aile parallèle à la paroi plein sud du
plan
et s’étale tout au long de façon linéaire : cour de l’arrivée du
matériel des fouilles,
passage par les laboratoires de conditionnement d'où il sera transporté soit pour être stocké dans les réserves
Cette aile, qui reçoit à l'étage l’école
d’archéologie, s’ouvre sur un espace commun en double hauteur protégé des
ardeurs du soleil ;
pour symboliser l’art tellurique des fouilles, les
volumes qui émergent à l’extérieur sont recouverts de carrelage rouge.
La cour d'arrivée des fouilles |
passage par les laboratoires de conditionnement d'où il sera transporté soit pour être stocké dans les réserves
ou montré au public, en « bout de chaine », dans la salle d’exposition temporaire.
Façade sud, aile scientifique |
B) Le
programme culturel se situe derrière la paroi face à la ville d’Arles qui
accueille également l'entrée principale.
A cette aile appartient aussi un vaste espace intérieur de plain-pied,
très transparent qui exprime les qualités de la fluidité spatiale moderne. Cet intérieur
est constitué par l'accueil et sa
boutique, le grand hall et l’attente des groupes.
A partir de ce point focal vont partir une
rampe et un escalier principal vers l’étage où se trouvent l’école des guides,
l’administration avec son balcon d’honneur (le
mérite),
la documentation avec sa salle de lecture (le savoir),
Ces quatre volumes, par leur valeur
symbolique, sont les seuls autorisés à dépasser la façade en projection
vers la ville ancienne. Ils sont recouverts d'une pierre blanche, en continuité
avec la couleur des volumes intérieurs.
Ces volumes sont détachés de la paroi extérieure et l'espace entre les deux reçoit un vélum vitré formant plafond d'un espace de grande hauteur.
C) Tenu et bordé par ces deux ailes se trouve l’espace muséal, dont la visite est régie par un circuit en boucle qui permet que l’accès à l’exposition permanente et sa sortie se retrouvent au même endroit à côté de la banque d’accueil.
La salle d’exposition triangulaire s’organise autour d’une cour ouverte au ciel qui permet la possibilité d’un circuit long et d’un plus court autour de cet espace,
puis reprend son cheminement le long du fleuve pour aboutir aux pièces maitresses du musée que sont les mosaïques
et l’allée des sarcophages.
Cette allée prolonge la paroi rouge romain propre à l’aile scientifique donnant ainsi fin au
parcours muséographique.
Façade principale, aile culturelle |
la cafétéria (la
fraternité), dont le volume en suspension annonce et protège l'entrée,
et
finalement une longue rampe (le civique)
annonçant l'aspect très public de l'auditorium qui s'étire sur deux niveaux.
Ces volumes sont détachés de la paroi extérieure et l'espace entre les deux reçoit un vélum vitré formant plafond d'un espace de grande hauteur.
C) Tenu et bordé par ces deux ailes se trouve l’espace muséal, dont la visite est régie par un circuit en boucle qui permet que l’accès à l’exposition permanente et sa sortie se retrouvent au même endroit à côté de la banque d’accueil.
La salle d’exposition triangulaire s’organise autour d’une cour ouverte au ciel qui permet la possibilité d’un circuit long et d’un plus court autour de cet espace,
le circuit plus long utilise l’espace dilaté vers le fleuve avec ses alvéoles ouverts par transparence vers le Rhône.
Un soin très particulier a été
apporté au virage du circuit qui longe l’aile culturelle au départ et va
doucement repartir, faisant une halte pour montrer la maquette du cirque –positionnée tel que celui qu'elle représente– en articulation avec le circuit long,
Etudes d'exécution – Salle du cirque vue de l'intérieur |
Etudes d'exécution – Salle du cirque vue del'extérieur |
puis reprend son cheminement le long du fleuve pour aboutir aux pièces maitresses du musée que sont les mosaïques
Études de muséographie 1991 - Salle des sarcophages où l'aile scientifique indique sa présence par la couleur de sa paroi - au fond la sortie du circuit muséographique |
Salle des sarcophages d'est en ouest et la cour à droite
La présence à l’extérieur de l’espace d’exposition (la
façade) n’est que transparence: une
vitrine discrète qui ne révèle pas tout mais crée le désir de voir.
LECTURE :
La cité muséale se donne à voir avec des symboles simples mais précis : L’aile scientifique
nous apparait opaque, solide, horizontale, ancrée à la terre (son domaine
d’investigation et travail), l’aile culturelle blanche, belle, sereine, diverse,
lumineuse et aérienne illustrant le
domaine de la pensée. Ces deux ailes vont "protéger" l'exposition en
étant en même temps les supports et les
fonds de perspective de l’exposition.
L'Exposition a été voulue d’un seule tenant, vaste, une aire muséale telle une clairière dans un bois, dominée par un velum rythmé par l’arrivée d'une lumière naturelle diaphane, douce comme un nuage, blanche car venant du nord. Ce plafond haut de presque 6 mètres double la hauteur des cimaises et vitrines pour dilater l’espace dans le sens des parois et traite avec tranquille retenue la vue du Rhône.
Ce « toit » de
l’espace intérieur –de 2700 m2 de surface– est porté par des fins
poteaux, écartés de 7.50 m, placés en quinconce pour ne pas régulariser
l'espace mais plutôt libérer l'horizontale supérieure tel un ciel.
L'Exposition a été voulue d’un seule tenant, vaste, une aire muséale telle une clairière dans un bois, dominée par un velum rythmé par l’arrivée d'une lumière naturelle diaphane, douce comme un nuage, blanche car venant du nord. Ce plafond haut de presque 6 mètres double la hauteur des cimaises et vitrines pour dilater l’espace dans le sens des parois et traite avec tranquille retenue la vue du Rhône.
En résumé, le
musée de l'Arles antique porte en lui les trois thèmes essentiels de ma théorie
du musée: 1) le hall d'entrée est le lieu à partir duquel on arrive à
comprendre et apprécier la complexité du programme –d'où sa grandeur. 2) le
parcours –circulation– est un donneur de forme: il fait naître la forme
dominante de l'édifice et 3) la lumière naturelle guide l'ensemble.
Ce projet
représente pour moi l'aboutissement d'un patient travail de recherche mené
durant vingt ans à travers de ma réflexion personnelle, mon enseignement et ma
pratique professionnelle, dont les sujets principaux sont : la présence en
architecture, l'édifice public et l'architecture urbaine, l'architecture des
musées, la constitution de l'épaisseur de la façade, le bâtiment linéaire et le
travail en strates parallèles, la modulation de la lumière et la mise en
proportions de l'édifice par la stricte application du Modulor.
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