Monsieur Frédéric MITTERRAND
Ministre de la Culture
3 rue de Valois
75001 PARIS
Paris
le 8 Février 2012
Monsieur le Ministre,
Henri CIRIANI m’a adressé un courrier à propos de
travaux d’extension en cours au musée de l’Arles antique dont il est l’auteur.
Architecte reconnu internationalement, grand prix
national d’architecture en 1983, Henri CIRIANI a réalisé ce musée qui fut
choisi par le gouvernement de François MITTERRAND comme un des grands projets
de l’Etat.
Ce bâtiment largement publié dans le monde entier fait
donc aujourd’hui l’objet d’une extension de quelques 800 m2 sous la direction
de l’atelier départemental de maîtrise d’œuvre du Conseil Général des Bouches
du Rhône.
L’information est parvenue à Henri CIRIANI à travers …
une invitation à la pose de la première pierre en Mars prochain ! Le
cynisme le dispute ici à l’irrespect d’un auteur.
Je m’interroge sur la validité de la démarche du
Conseil Général. N’aurait-il pas dû pour des travaux de cette importance lancer
une consultation, n’aurait-il pas dû prévenir l’auteur ? Ne devrait-il pas
au minimum lui demander de valider le projet ?
Ceci pose le problème de ces services techniques
intégrant des architectes qui peuvent réaliser des projets pour le compte de
leur employeur, mais également celui de l’intégrité de l’œuvre initiale. D’ores
et déjà plusieurs collectivités locales ont abandonné le recours à leurs
services intégrés pour la réalisation de projets d’architecture.
Dans ce domaine de la protection de l’œuvre, faire
appel à un avocat coûte cher et les résultats sont la plupart du temps
décevants.
L’accès à la commande publique d’architecture
s’apparente aujourd’hui à une véritable course d’obstacles et les architectes
comprennent mal que des projets d’importance puissent être donnés directement à
des services techniques.
Ne pensez-vous pas, Monsieur le Ministre, qu’il serait
utile d’encadrer plus strictement le recours par les collectivités élues à
leurs services techniques pour réaliser des projets d’architecture ?
Je vous remercie, Monsieur le Ministre de bien vouloir
intervenir auprès du Conseil Général des Bouches du Rhône pour qu’Henri
CIRIANI puisse à tout le moins être
consulté pour vérifier que cette extension ne porte pas atteinte à son œuvre.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre à l’assurance de ma considération respectueuse.
Patrick Colombier
24 rue des Prairies 75020 PARIS - T 01 43 61 02 91 - Syndarch.com
LETTRE DU PRESIDENT DE L'ACADÉMIE D'ARCHITECTURE THIERRY VAN DE WYNGAERT
fac-simile :
LETTRE DU PRESIDENT DE L'ACADÉMIE D'ARCHITECTURE THIERRY VAN DE WYNGAERT
Paris, le 28 février 2012
Monsieur Frédéric MITTERRAND
Ministre de la Culture et de la Communication
3, rue de Valois - 75100 PARIS RP
Monsieur
le Ministre,
Il
y a des bâtiments qui sont la fierté des hommes, tant ils sont émouvants et
savent jouer savamment avec le ciel, avec l’eau, et la terre.
Paul
Valéry l’a bien écrit : « En te
promenant dans cette ville, entre les édifices dont elle est peuplée, as-tu
observé que les uns sont muets, les autres parlent, d’autres, plus rares,
chantent ».
Le
musée de l’Arles antique est de ceux-ci.
Son
auteur, Henri Ciriani, est l’un des plus grands architectes français. Son art
et sa culture sont immenses. Il vit encore, vingt-neuf ans après avoir conçu
cette œuvre emblématique.
Dans
le respect de l’histoire et du site, au bord du Rhône, ce virtuose d’exception
a tracé une forme pure : un triangle de lumière, dont chacun des trois
angles est un cours magistral de géométrie et d’élégance.
Aujourd’hui,
avec les travaux d’agrandissement en cours, cette œuvre est bafouée, brisée,
vandalisée par des incultes sans consciences n’osant pas même signer leur
forfait de leur nom. Le Maître d’ouvrage est le Département des
Bouches-du-Rhône. Son architecte, le Département des Bouches-du-Rhône. Pareille
confusion des genres est douteuse.
Au
lieu de passer commande pour étendre l’ouvrage, quels sont donc ces barbares
qui ont osé commanditer l’outrage ? Comme l’écrit si bien François
Chaslin : « Casserait-on un
angle de la villa Savoye, pour y greffer un garage ? »
Si
l’eau du Rhône peut masquer les pleurs, il vous appartient, Monsieur le
Ministre, d’arrêter cette atteinte à la propriété artistique et de protéger le
meilleur de notre culture contemporaine.
Ce
serait, aussi, témoigner à jamais d’un respect de la beauté et de la chose
publique.
Je
vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de ma plus haute
considération.
Thierry
van de Wyngaert,
Président
de l’Académie d’Architecture
hôtel de chaulnes – 9, place des vosges – 75004 paris
tel. 01.18.87.83.10.– fax 01.48.87.44.42 - Site
internet : http://www.archi.fr/AA
fac-simile :
LETTRE DE MAURO GALANTINO
Milano, 24 aprile 2012
Gentile sig. Ministro,
ho dedicato un po' del mio tempo allo studio dell'opera di Henri Ciriani e
ho pubblicato l'ultimo, completo, studio sulla sua opera, edizioni Skira,
tradotto in francese e in inglese.
Spero ne abbia Lei una copia.
L'opera di Ciriani e' fondamentale in Europa,perche' colloca, nel momento
centrale del dibattito sulla Modernita'sviluppatosi alla fine degli anni
settanta, l'apporto concreto che solo le opere danno alle discussioni. In
quel momento preciso le tendenze postmoderne predicavano che solo un
abbandono della tradizione moderna fosse capace di ridisegnare la qualita'
urbana.
Ciriani, in buona compagnia di altri architetti europei, ha realizzato e
disegnato opere che hanno contribuito alla comprensione di quanto il
metodo e lo spirito della modernita' sia ancora capace di interpretare e
modificare il nostro paesaggio.
senza il suo apporto con
Siza,Moneo,Gregotti,Piano e molti altri, la
grande fioritura architettonica del nostro futuro non esisterebbe.
Non parlomdel recente passato, parlo propriomdel futuro.
Cosi' uno dei capisaldi di questo lavoro, il museo archeologico di Arles,
non puo' subire l'affronto di una manomissione, con demolizione, come
apprendo con stupore.
Non e' in gioco solo il valore assoluto di un'opera, e' a rischio
l'immagine della Francia, che per noi europei, resta il punto tra i
piu'alti di uno Stato che cura la propria architettura contemporanea come
bene culturale.
Le rivolgo un appello accorato a che Lei intervenga personalmente per il
buon nome della Francia a fermare questo scempio.
Distinti saluti.
Mauro Galantino architetto, professore facolta di architettura di Venezia
e Milano
TRADUCTION
TRADUCTION
Milan, le 24 avril 2012
Monsieur le Ministre,
J'ai dédié quelque
temps à l'étude de l'œuvre d'Henri Ciriani et j'ai publié la dernière étude
complète sur son œuvre aux Editions Skira traduite en français et en anglais.
J'espère que vous en avez une copie.
L'œuvre de Ciriani
est fondamentale en Europe car, au moment central du débat sur la Modernité qui
se tenait vers la fin des années soixante-dix, il fournit l'apport concret que
seules les œuvres peuvent procurer aux discussions. A ce moment-là les
tendances post-modernes maintenaient qu'il n'était possible de concevoir la
qualité urbaine qu'en abandonnant la tradition moderne.
Ciriani, bien
accompagné d'autres architectes européens, a conçu et réalisé des œuvres qui
ont contribué à faire comprendre que la méthode et l'esprit de la modernité
étaient bien capables encore d'interpréter et de modifier notre paysage.
Sans son apport,
avec Siza, Moneo, Gregotti, Piano et beaucoup d'autres, le grand épanouissement
architectural de notre futur n'existerait pas.
Aussi, l'un des
fondements de ce travail, le musée archéologique d'Arles, ne peut subir
l'affront d'une telle violation, démolition comprise, comme je l'apprends avec
stupeur.
Ce n'est pas
uniquement la valeur absolue d'une œuvre qui est en jeu, c'est un risque pour
l'image de la France, laquelle pour nous européens demeure un Etat parmi les
plus éminents à traiter l'architecture contemporaine comme un bien culturel.
Je vous adresse un
appel affligé pour que vous interveniez personnellement, pour le bon nom de la
France, afin d'arrêter cette horreur.
Salutations
distinguées.
Mauro Galantino,
architecte, professeur aux Facultés d'architecture de Venise et de Milan
(traduit par M.Espejo)
LETTRE DU DIRECTEUR DE LA REVUE JOURNAL OF ARCHITECTURE ALLEN CUNNINGHAM
Madame Aurélie Filippetti
Ministre de la Culture et de la Communication
3, rue de Valois - 75100 PARIS
vendredi 18 mai 2012
Madame la Ministre,
Musée départemental Arles antique – violation
Quelle cruelle ironie que la construction d'une
intervention illettrée, qui détruit un chef d'œuvre architectural reconnu
universellement, soit hâtivement entreprise pour collaborer à la célébration de
Marseille-Provence comme capitale européenne de la culture 2013.
La forme du Musée départemental Arles Antique, de Henri
Ciriani, fut conçue comme un triangle, son périmètre étant défini par des
panneaux bleus d'une extraordinaire versatilité qui encadrent des émergences
sculpturales et définissent les trois angles: des inventions plastiques d'une
finesse extraordinaire complétant chacune des longues façades. Le Département
des Bouches du Rhône, gardien régional du musée, a déjà démoli l'angle nord
pour faire place à une extension qui enfreint totalement l'intégrité de
l'architecture. L'indignation exprimée universellement devant ce désastre a
été, jusqu'à présent, ignorée par le Président du Conseil Général des
Bouches-du-Rhône, et la destruction continue.
Votre ministère est investi de la responsabilité de
préserver le patrimoine de France au nom de l'Etat, de protéger les objets, les
sites et les bâtiments considérés culturellement précieux à long terme. Parmi
les trésors architecturaux il est indispensable d'inclure le Musée Départemental
Arles Antique, lauréat d'un concours, qui fut acclamé par la critique
internationale lors de son ouverture en 1995. C'est un des Grands Projets
Français et une œuvre majeure de l'architecture moderne.
Ciriani, qui ne fut pas informé de l'extension, encore
moins invité à participer en contradiction avec ses droits intellectuels, a
indiqué qu'il est prêt à collaborer avec le Département des Bouches-du-Rhône
pour intégrer la nouvelle pièce archéologique, une barque draguée du Rhône,
sans nuire à l'intégrité de l'ensemble.
Nous vous exhortons d'abord à arrêter le chantier en
cours, ensuite à nommer Ciriani consultant sur ce projet auprès du Département
des Bouches-du-Rhône.
Le bâtiment mit douze ans à germiner et la barge git
enterrée durant deux mille ans. Aussi, la ruée pour tenir des délais
artificiels n'aura aucune valeur lorsque la postérité aura à juger de
l'héritage. Cette lettre ouverte vous implore de prendre une action décisive
dans l'intérêt du patrimoine de France.
J'écris au nom des membres de la rédaction du The Journal
of Architecture, une publication qui circule dans plus de trente pays;
nous sommes consternés par cette mascarade culturelle.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à
l'expression de ma plus haute considération
(signé
Allen Cunningham)
Allen Cunningham (Architect, UK and France-Chairmain
of the Editotial Board)
John Allan (Architect,
Principal Avanti Architects, London)
Barnabas Calder (Lecturer,
Architectural History, Strathclyde University, Scotland)
David Dunster (Architect,
Professor, University of Liverpool)
Murray Fraser (Professor,
Bartlette School of Architecture, London University)
Peter Gibbs-Kennet (Editor, Gloucestershire, UK)
Christoph Grafe (Associate
Professor of Architectural Design, Delft University of
Technology,
the Netherlands)
Eeva-Liisa Pelkonen (Associate Professor, Yale University School of Architecture,
USA)
Barbara Penner (Professor,
Bartlett School of Architecture, London University)
Charles Rice (Professor,
Head of School, School of Art and Design History
Faculty
of Art, Design and Architecture, Kingston University,
London)
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