LETTRE DE GEORGES ADAMCZYK, PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE MONTREAL, A JEAN-NOEL GUÉRINI


Montréal, le 15 mai 2012


Monsieur Jean-Noël Guérini
Président du CG13
Hôtel du Département
52, avenue de St-Just
13004 – Marseille
France


Objet : Le Musée de l’Arles Antique vandalisé


Cher monsieur,

Stupeur et déception sont les deux sentiments qui nous ont assaillis sur le vif de la découverte de l’action brutale engagée par les services du département pour modifier, sans aucune prudence et sans aucun respect, une des grandes œuvres du renouveau de l’architecture moderne en France. Il s’agit, sans aucun doute, d’une erreur administrative qui sera rapidement corrigée, rétablissant ainsi la valeur artistique et la valeur de témoignage d’un chef d’œuvre conçu par l’architecte Henri E. Ciriani, l’un des grands maîtres de l’esprit moderne.

Le rayonnement des réalisations d’Henri E. Ciriani au Québec, en particulier, a été ponctué de plusieurs visites mémorables dans nos écoles de design et d’architecture. Loin du bruit agaçant des célébrités, il a donné une impulsion formidable au renouveau de la formation des architectes. Il a su nous transmettre sa rigueur disciplinaire et ses exigences intellectuelles hors du commun. Son enseignement et sa pédagogie sont de véritables modèles de référence et une inspiration toujours stimulante dans le monde académique de l’architecture.

Le Musée de l’Arles Antique, une œuvre dont l’accomplissement fut long et ardu, représente donc un exemple patrimonial unique. Il ne s’agit pas seulement d’expérience, d’histoire ou d’art, mais aussi d’un patrimoine formidable d’idées, une sorte de grande leçon construite pour les générations futures d’architectes.

En tant que responsable associé au Laboratoire d’étude architecturale potentielle à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, j’ai souvent recours, comme mes collègues, aux exemples des grands concours d’architecture lancés en France durant la période du Président Mitterrand. Loin des lumières de la capitale, sous le ciel bleu du midi, le concours d’Arles fut un concours exemplaire répondant à tous les critères d’une conduite démocratique soucieuse de la place du public et respectueuse des droits d’auteurs.

Une fois passé l’effroi de cette malveillante initiative, nous pouvons vous assurer que vous aurez toute notre plus grande considération lorsque, sur vos instructions éclairées, la restauration du musée sera promptement accomplie.

Je me permets de joindre ma voix à celles de ceux qui souhaitent qu’Henri E. Ciriani soit consulté sur les conditions d’une addition, d’un agrandissement ou d’une annexe visant à accueillir les objets archéologiques récemment découverts et à faire partager par un plus grand public l’histoire et la beauté de ces lieux dans la résonnance extraordinaire que l’architecture du Musée a su y instaurer. Votre magnifique cité d’Arles, que serait-elle sans son héritage architectural?

Avec mes plus cordiales salutations,

   

Georges Adamczyk, professeur d’architecture
Université de Montréal

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