Invité par le Conseil régional de l'Ordre des architectes de la
région P.A.C.A. a participer à l'exposition qu'il prépare en partenariat
avec la DRAC, la Maison de l'Architecture et de la Ville et les CAUE,
voici ce que Henri Ciriani a répondu:
"Chère Audrey Gatian,
La trahison du Département des Bouches du Rhône,
avec la complicité de Claude Sintès, a représenté un coup sévère dont
je n'arrive pas à me remettre cinq ans après.
Le premier jugement du T.G.I. de Marseille, tout en me donnant raison, n'obligea pas les responsables du massacre à rétrocéder.
Et la Cour d'Appel d'Aix leur donna raison!
Nous
ne savons pas ce que la Cour de Cassation en dira mais j'ai peur que le
bâtiment que j'ai mis si longtemps à concevoir et parachever ne
retrouvera jamais son état d'origine. Aucune des trois façades n'a été
épargnée, l'oeuvre est dénaturée à jamais!
Pour moi désormais il
s'agit de faire savoir à tous que le Musée départemental Arles Antique
n'est plus mon oeuvre. Ce qui gît désormais à sa place est un affront à
la culture et je refuse que mon nom soit lié à ce crime. Je réfléchis à
la manière d'en informer les générations futures et remercie, au
passage, le Conseil National de l'Ordre de m'accompagner dans ma
démarche pour une défense des droits d'auteur dans notre pays.
Puisse
votre présentation servir à cette fin. C'est dans ce sens que j'accepte
que vous publiiez la photo représentée dans votre message. S'il était
d'aventure possible d'ajouter une mention qui aille dans le sens de ce
qui précède, ce serait encore mieux.
Recevez, Madame, mes sincères salutations.
Henri Ciriani
P.S.
Je vous remercierais de ne pas appeler mon bâtiment le "projet initial"
mais plutôt le "projet d'origine" ou le "projet de Ciriani"
L'Ordre, par la voix d'Audrey Gatian, estime que le bâtiment conçu par Henri Ciriani pour le Musée d'Arles est "un des bâtiments emblématiques des équipements culturels et institutionnels de la décennie 1987-1997."
Ce
n'est semble-t-il l'avis des juges de la Cour d'Appel d'Aix puisqu'ils
ont jugé en faveur du Département. Seraient-ils si peu cultivés ? Ne se
sont-ils pas renseignés au moment de l'étude du dossier? Ont-ils le
patrimoine français si peu en estime qu'ils tolèrent qu'une oeuvre
"emblématique" soit dénaturée?
Mais si l'on peut admettre
que les juges n'aient pas de culture, alors que faut-il penser du
ministère de tutelle, celui dont la mission est de sauvegarder le
patrimoine culturel français? Consultées par le Département des Bouches
du Rhône, qui souhaitait inclure Arles dans les festivités de Marseille
"capitale européenne de la culture 2013", deux administrations ont
validé la décision du Conseil Général de procéder à une extension sans
faire appel à l'auteur de l'oeuvre originale: celle dirigée par Frédéric
Mitterrand en 2011-2012 et celle d'Aurélie Filipetti à partir de 2012.
Comment exiger de la Justice qu'elle soit juste si la Culture n'est pas cultivée?
Marcelle Espejo Ciriani
12 août 2017
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